de Yves Bosquet, édité chez Riveneuve
5 à 7 : 17 octobre
Comment
gagner un match - le grand match, celui de la vie - à l’extérieur
quand rien, a priori, ne fait de vous le favori ? Après
l’épreuve initiatique d’une expatriation du village de Shajiao
pour un ilot indiaocéanique, il n’est plus rien d’impossible aux
Cœur Vaillant Chane-Nam.
Récit
d’une immigration, d’une intégration, d’une réussite, ce
texte raconte le parcours extraordinaire de Raphaël à la tête de
son entreprise « Le Merle Blanc ». Sa victoire est celle
d’un homme qui a su capitaliser la richesse d’une double culture
chinoise et française.
Si
le texte rend compte "techniquement" de l’essor
et de la décroissance d'une d’entreprise, l’auteur se fait aussi
chroniqueur pour nous livrer une page d’histoire contemporaine. Les
acteurs du petit monde socio-économique et politique des années 60
sont passés en revue sans ménagement.
Le
romancier n'est pas loin non plus. Le lecteur appréciera la
rencontre entre Raphaël et Annie, le récit de l'accident de
Raphaël, de l'accueil qui lui est fait à l’hôpital. Il
s’amusera du dilemme Pascalien du curé franco-chinois, porteur
d’une valise dans laquelle « liasse sur liasse, les
billets matelassent tout l’espace ». L’ambivalence des
rapports humains entre la communauté chinoise et créole ne manque
pas d’être finement évoquée.
Belle
chute, pour un déclin… Le Merle Blanc est le roman d'une
vie qui mène... à la calligraphie. Raphaël a trouvé un
biographe pour scénariser sa ligne de vie. Côté cour, la
chronologie des faits et… gestes du Chevalier. Côté jardin, des
morceaux bien choisis de la vie réunionnaise. En fond d’écran les
ombres chinoises d’un style héroïcomique, la poésie et l’humour
d’une écriture malicieuse.
Un
calame peut cacher une plume. L’auteur s’efface tellement devant
son personnage qu’on finirait presque par oublier que le Merle
n’est pas le Chinois, mais un Blanc prénommé Yves dissimulé dans
un BOSQUET.