
5 à 7 : 12 septembre
Redona c’est le nom de la mère créole de Louis. Son père ne lui donne pas son nom mais ne lui refuse pas son amour. Le vieux Chu-Shao est fier de son garçon et prie les Dieux du Temple pour qu’il réussisse à l’école.
Le roman raconte la promotion d’un jeune bénédictin qu’une enfance difficile ne destinait pas à la prospérité. Les encouragements de son père, les sacrifices de sa mère lui permettent de réaliser l’attente parentale. Louis décroche son BAC. Louis devient professeur. Le voilà fonctionnaire, un statut qui garantit la vie facile dans la Réunion des années 60. Un paradis artificiel sur lequel l’auteur porte un regard sans complaisance. Il nous montre surtout que cette ascension sociale ne se fait pas sans heurts.
Ce roman peut être lu comme le récit de ruptures successives.
La séparation entre la père et la mère.
La distance douloureuse entre la Chine et la Réunion. Chu-Shao habite la Réunion mais c’est la Chine qui l’habite : un pays, une langue, une cuisine, des jeux qu’il partage avec ses camarades de la société Shinoi. Chu-Shao n’oublie pas la terre de ses ancêtres qu’il rêve de faire connaître un jour à son fils.
La fracture socio-économique et culturelle entre les nantis et les laissés pour compte. Cigarettes (blondes), whisky et petites pépés, Louis est un nouveau riche. Il parle français. Il se meuble en skaï et en formica. Il roule en loto et regarde la télévision. Il a droit aux congés administratifs en France et aux voitures immatriculées en TT. Louis a tout pour être heureux.
Le problème c’est que Louis se souvient. De Shao, de sa maman Sabine, de Tonton Tintin, de la misère partagée avec bon cœur. La promenade qui le conduit un soir au seuil de la case de Mme Ignace fait tout basculer. Louis revoit sa nourrice. La déchirure entre le zoreil péi qu’il est peut-être devenu et ce monde dont il est issu s’envenime en dépression.
Militantisme culturel ? Engagement politique ? Comment sortir de cette impasse ?
Comment faire la « réunion » du français et du créole, des Gros et des Ptits, des anciens esclaves et des nouveaux maîtres, de Honoré et de Redona ?Louis Redona est le premier roman de Daniel Honoré.
C’est le premier roman en créole : une histoire d’amour d’un fils pour son père et sa mère, l’histoire d’amour d’un homme pour une île dont il questionne les zones de faille.
Je ne parle pas le créole, le comprend un petit peu mais je sais que personne ne veut perdre son identité comme Loui Redona alors je dirais que :
RépondreSupprimerLa réussite
est une richesse en soi
nos racines aussi
Pat Lavit. ZZK