2013, c'est au tour des jeunes lecteurs...

2013, c'est au tour des jeunes lecteurs de faire battre leur coeur : lectures et rencontres pour découvrir, se faire plaisir et se retrouver dans les écoles et les bibliothèques de Saint-Paul.

Astèr là

mercredi 9 octobre

à 10h30, médiathèque de Saint-Paul : "Les baobabs amoureux" de Maïwenn Vuittenez, éd. Océan (6-7 ans)

à 15h, bibliothèque du Guillaume : "Iris sans souci" de Amélie Billon-Le Guennec et Coralie Saudo, éd. Epsilon (6-7 ans)


Affichage des articles dont le libellé est Astèr-la. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Astèr-la. Afficher tous les articles

mercredi 9 octobre 2013

Les baobabs amoureux

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr là
à 15h,  
bibliothèque du Guillaume
 

L’histoire de la petite graine, ça vous rappelle quelque chose ? La petite graine qui n’a de cesse de voyager jusqu’à ce qu’elle rencontre… Il arrive que la graine ait besoin d’une queue - une queue de comète - pour venir jouer les Petits Princes sur la terre.
Au début de cette histoire, donc, il y a un Prince. Il s’appelle « Baobab ». Les couleurs chaudes du désert, le jaune d’or des couchers de soleil sur les dunes ne le préservent pas des morsures de la solitude. Baobab est impuissant. Sa grandeur, sa majesté, sa force ne lui sont d’aucun secours. Il rêve de sorcellerie pour le sortir de cette impasse. Il voudrait un miracle : la croissance, à ses pieds, d’un alter-ego, qui le prolonge, comme ses racines.
Le salut vient souvent de là d’où on ne l’attend pas. D’une enfant, par exemple. « On a toujours besoin d’un plus petit que soi ». Le géant s’en remet à la sollicitude d’une fillette qui, à son tour, s’en remet à la sagacité d’une créature plus petite, une créature qui a des ailes, comme Cupidon. L’oiseau reviendra, non pas avec des flèches, mais avec quelque chose d’encore plus petit : une graine, minuscule, qui a encore besoin de soin, d’attention, en un mot d’amour, pour pouvoir grandir jusqu’à toucher le ciel.
Le « Baobab amoureux » est une espèce très rare qui ne vit qu’à Morondava, sur la côte ouest de Madagascar 1. Il présente à l’observateur le spectacle fascinant d’un arbre à double tronc, tendrement enlacés. Comment expliquer l’étonnante exubérance de cette étreinte ? Les botanistes prétendent que cet arbre se divise en deux pendant sa croissance pour produire deux troncs mais « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » et ce sont ces raisons du cœur que le conte de Maïwenn VUITTENEZ vient ici nous révéler.
Après avoir lu cet album, quand vous irez graver vos cœurs et vos noms sur l’écorce de ces arbres qui se disent « Embrasse-moi », ce sera pour ratifier la Charte des « Baobabs amoureux ».
cliquez sur l'image pour l'agrandir
Le bonheur, c’est toute une… culture. BAOBAB Et BABOAB ? Non, le couple n’est pas un être qui se divise en deux, pour produire en miroir, une âme-sœur, garantie d’une parfaite harmonie. Le couple passe par la rencontre avec l’altérité, un partenaire qui vient d’ailleurs, d’une autre planète, d’une autre terre, d’une autre culture. Et ce n’est pas fini… L’entente exige encore de l’attention, du soin en un mot, de l’amour.
1 Le tour du monde en 80 arbres, Thomas PAKENHAM, Ed. du Chêne,

mardi 8 octobre 2013

Iris sans souci

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr la :
à 10h30,
 médiathèque de Saint-Paul

« Il était un jardin qu’on appelait la terre ». Amélie Billon-Le Guennec et Coralie Saudo déclinent le lien « soucial 1 » en plusieurs tableaux. Il y a d’abord Madame Iris qui ne fait que balayer devant sa porte… zéro tracas, donc ! Il y a aussi Monsieur Jasmin qui les prend à son compte. Conclusion : dans son « il » déserte, les encombrants s’entassent. A ce tarif-là « Vivons heureux, vivons cachés ! », le soleil peut-il vraiment briller pour tout le monde ? L’auteur pose aux enfants une question vieille comme l’humanité et pressante comme l’actualité pour amener celle de la construction du lien, de la citoyenneté et des étapes pour s’ouvrir à l’Autre.
Pour Freud, le Verbe est fondateur de la civilisation : « L’homme qui le premier jeta une injure à son ennemi au lieu d’une lance fut le fondateur de la civilisation. »
Dites-le avec des fleurs même lorsque celles-ci s’appellent « soucis ». Des soucis qui sont ici mis en lettres puis en mots : « Dix soucis dits, vois-tu, valent mieux que six soucis tus ». La démarche d’Iris en direction de son voisin, son entreprise de parole amènent une pacification et une transformation d’un côté comme de l’autre. Il est alors question de « réparation » et les soucis ou autres pestes végétales peuvent devenir l’affaire de tous. 
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
L’importance de la voie du dialogue pour construire les codes de la route à faire ensemble est aussi mise en valeur par l’illustrateur. Il s’agit bien de « se retrousser les manches » pour que les lettres du BONHEUR puissent s’afficher de part et d’autres des murailles et des tranchées.
Si tu t’associes, même pour six sous, c’est pas sot !  
 
Elgée

1 Philippe Lacadée, Le malentendu de l’enfant,  page 384. 

lundi 30 septembre 2013

Le rideau du vent

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-là
à 15h 
bibliothèque de Plateau Caillou

Le rideau du vent … ou quand les livres sont des passerelles pour grandir et qu’un écrivain et un illustrateur s’emparent de leurs talents pour nous aider à sortir de la caverne de notre ignorance et de nos peurs. Il y a, chez Agnès de Lestrade et Hippolyte, un délicieux parfum de ré-écriture du mythe de Platon. Peinture naïve aux couleurs pastel, texte aérien, l’album offre un mythe paysager à hauteur d’enfants. Il dit l’importance de triompher de l’Autre « mortifère » si l’on veut que l’univers devienne source de gratification, de « paradis ».   
Un rideau de vent sépare le sommet de l’autre côté : l’obstacle est combattu par tous, y compris par le maréchal-ferrant. D’habitude, le vent soulève les rideaux. Ici, c’est le vent qui fait écran. Pour nous cacher quoi ? Réel danger ou illusion ? Cette histoire de monstruosité ne serait-elle que du vent ?
A cette question, dans la lignée de Platon et d’Alexandre Jollien, l’auteur nous raconte comment la « malédiction d’une faiblesse infligée  peut devenir la chance d’une force créée » …/… On ne naît pas homme, on le devient »1. Baisser les bras ou relever le défi ? Belle question pour chacun d’entre nous !
Plumo, fragile comme un oiseau tombé du nid, va oser la course, par monts et par vaux, pour affronter l’énigme du souffleur de vent. Pour remonter la pente, notre jeune héros utilise sa fragilité. Il laisse à ceux de la caverne leurs kilos de méchanceté, se laisse porter par le souffle, s’élève jusqu’aux sommets pour percer le mystère et apprivoiser l’Inconnu.
Dans la tristesse qu’il accepte de contacter, Plumo touche à l’humanité de celui qui fait figure de monstre. Si différent et pourtant si proche. Ce monstre a des parents… humains ! Plumo découvre le mystère d’un sujet qui s’est inventé son monde à lui pour se protéger du monde. Il s’est enfermé dans sa montagne, coupé des autres. Pour survivre. Marginalisation, exclusion, ségrégation, ghettoïsation, stigmatisation… ces mots sifflent comme des tourbillons. Ils sèment le vent et récoltent la tempête. 
 
cliquez sur l'image pour l'agrandir
La question de la différence vient précocement dans la tête des enfants qui découvrent la diversité du monde en même temps que ses possibles et ses limites.
Elle est éminemment actuelle pour ceux de nos écoles qui, depuis la loi de 2005, ont à vivre dans les classes avec la question du handicap, de la différence. Le travail d’éducation - en latin, educere : « conduire hors de »… la caverne ( ?) - est à remettre à l’ouvrage à chaque génération. Il a besoin d’ouvrages tels que celui-ci pour qu’on puisse, dès le plus jeune âge, en parler… aux « Ti lecteurs ».
1 Alexandre Jollien, Le métier d’homme, Seuil, 2002

Mon voyage en gâteau

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-là
à 10h30
bibliothèque de Bois de Nèfles 

« Pour faire un bon gâteau / Ce n’est pas difficile » chantait naguère chez nous Hubert HESS avec qui toutes les petites filles voulaient se marier. Oui… mais précise Alice BRIERE-HAQUET, pour faire un bon gâteau, il ne faut pas se contenter de faire les courses, il faut voyager. L’auteur nous embarque dans une navigation au long cours dans « un bateau très grand, très gros qui file d’île en île » pour une course sinon jusqu’à l’origine du monde (ce qui nous amènerait à Gustave COURBET), du moins jusqu’aux femmes et aux hommes qui se cachent derrière la recette de cuisine.
On pourrait continuer à croire qu’un gâteau se fait avec de la farine et des œufs, en bref, avec de simples ingrédients. Cet album a le mérite de nous rappeler que l’œuf ne vient pas de la poule mais de la fermière, que la farine ne vient pas du blé mais du meunier, que le beurre ne vient pas du lait mais de la crémière, que le sel ne vient pas de la mer mais du saunier.
Alice BRIERE-HAQUET et BARROUX ont une manière subtile et colorée, toute en nuance, de rappeler à l’enfant – comme à l’adulte qui lui lit l’histoire - que les moindres objets qui nous entourent sont le produit d’une chaîne humaine. En empruntant, sinon la route du rhum du moins celle de la vanille, le bateau - pardon le gâteau – affronte une mer déchainée ( !) pour nous convaincre que cette chaîne fait le tour de notre « morceau de terre », le tour du monde des métiers, le tour du monde des cultures. 
cliquez sur l'image pour l'agrandir
Qu’elle nous ramène invariablement à l’homme, à son savoir-faire, son engagement, son amour du travail bien fait, son amour tout court. Qu’elle nous nous ramène à l’Autre indispensable à notre bien-être, à notre survie. La recette de gâteau préconisée par les auteurs dessine en filigrane une recette du partage, du vivre ensemble. Peut-être du bonheur ! « Le goût, c’est ce qui nous unit » écrit l’auteur. Voilà un album qui ne manque pas de goût. 
Et si tous les enfants du monde, se donnaient la main… pour partager le gâteau ?


lundi 23 septembre 2013

Kal i sava lekol

cliquez sur l'image
Astèr-la
Rencontre le mercredi 25 septembre à 15h,
bibliothèque du Guillaume

 « Granmèrkal kèl hèr ilé ? » Le jeu a inspiré Corinne DECLOITRE, ainsi que Laurence DALEAU qui a traduit le texte en créole. L’auteure kale l’histoire dans une journée de classe. On n’y échappe pas. Pour être kalé et ne pas être rekalé au bakalauréat, il faut se lever de bonne heure et commencer dès Uit hèr d’matin. Le kalage, commence à la maternelle, avec une journée ponctuée de contes, de comptines sans oublier la cantine et la sieste où la tatie, conte ses brebis, bien kalée sur sa chaise. Entre les premiers cris, « chacun mon tour », au pied du toboggan et l’heure des mamans, les enfants doivent découvrir la tactique qui leur permet d’appréhender le temps.
Au mur de la classe, la pendule, esclave de Chronos, indique l’heure. Les aiguilles avancent au pas de l’armée régulière, elles tournent comme des ânes attachés à la noria, sans kaler, pour dikter l’emploi du temps, le temps réglementaire.
Mais cela, c’est compter sans la magie de l’écriture. L’auteure ouvre une brèche. Avec la complicité de l’illustrateur. Le mot « Escletxa » veut dire « fissure ». Corinne DECLOITRE entre dans la faille. Elle fait entrer Kal à l’école.
Kal, kèl hèr ilé ? Koukou, koukou ! Kal est dans l’horloge. Pour remonter le temps et tout dékaler. Notre héroïne va se mettre, malicieusement, au service du temps de l’enfance et du rêve. La pendule montre l’heure mais c’est le temps que l’élève voit passer… avant de s’en aller avec lui. « En retard, en retard, j’ai rendez-vous quéquepart ». L’air de ne pas y toucher, les  aiguilles, la petite sur la grosse, lui content des histoires de toutes les couleurs. « Kosa in shoz ? Kèl shoz ? Le zanfan i tape son momon ? i». L’enfant comprend très vite le « tik-tak », comment « dire oui à ce qu’il aime et apprendre à dessiner, sur le tableau noir du malheur, le visage du bonheur » (Prévert).
Quand, dans le charivari - et les larmes - du tout premier jour de classe, la main de maman - ou de papa - s’en est allée, c’est l’heure pour chaque enfant de retrouver Kal et son clin d’œil, cette connivence qui lui permettra d’apprendre l’emploi des temps et de conjuguer le Verbe. 
cliquez sur l'image pour l'agrandir
 
Dès la Maternelle, l’horloge de l’école est réglée comme du papier à musique. La règle chante à l’enfant un air de « résignation ». La musique l’invite à « se prendre par la main » : In nti souri noir / té kour dann fénoir… L’album de Corinne DECLOITRE est à l’heure du temps, du deuxième temps, le temps du rêve, celui permet à l’enfant de continuer à franchir, pendant de longues années de sa vie, le portail de l’Ecole.
Elgée

i La cloche

Anthonin

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-là
Rencontre le mercredi 25 septembre à 10h30,

médiathèque de Saint-Paul
Anthonin ? C’est plutôt un nom de garçon que de grenouille ! Peut-être le nom d’un garçon à l’âge où il porte encore des grenouillères, un petit âge, celui des grandes peurs. Des premières.
A vrai dire, la peur n’a pas d’âge. Le mot dérive d’une divinité romaine, Pavor, déesse de la panique, dont la simple évocation terrorisait nos ancêtres. La peur est donc présente depuis toujours et nous rattrape à chaque « première fois ».
On peut donc comprendre Anthonin. « Il est à la plage pour la première fois » et la mer, fille de l’Océan, est plus grouillante que son étang. Il juge plus sage de rester sur le sable, avec ses amis, à l’abri de sa casquette pour éviter que le ciel ne lui tombe sur la tête. Mais c’est compter sans la météo – imprévisible - qui vient le décoiffer en faisant souffler sur le confort de ses habitudes, « Château, jeux de ballon et bain de soleil », un vent de panique : « Ma casquette ! »
Anthonin n’a pas pris le temps de réfléchir mais rien de grand ne se fait sans un peu… d’inconscience. « Sans même y penser, le voilà dans l’eau ». Et là, quelle surprise ! Commence pour lui une aventure encore inimaginable quelques instants auparavant : la rencontre avec un banc d’apogons, une carangue bleue, un poisson chirurgien, un poisson épervier… qui ne remplacent cependant pas ses amis, qui ne tardent pas à le rejoindre. Notre héros découvre un bonheur qui ne manque pas de sel. Tout baigne ! Le petit garçon s’est dépassé, il est sorti de lui-même il a vaincu sa peur et se découvre homme-grenouille, petit homme. Il est heureux, comme un poisson dans l’eau et n’est pas pressé d’en sortir !
Céline DEREGNAUCOURT dessine des formes tout en couleurs, tout en rondeurs dans un univers liquide sinon amniotique. 
cliquez sur l'image pour l'agrandir
Christine VELIA raconte une expérience initiatique, une première, à l’image de toutes les autres qui n’en finiront pas de réveiller nos peurs. Des peurs vertes ou bleues, comme la mer. L’album encourage à la découverte et aux voyages. La vie n’est pas une eau dormante. Elle est souvent décoiffante et il faut accepter de perdre la tête - du moins son couvre-chef - pour oublier la peur et plonger « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau » selon le mot de Baudelaire.

lundi 16 septembre 2013

Dans mon soubik. 2

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 15h, à la bibliothèque de Bois de Nèfles

L’approche des contes créoles permet de mettre en évidence l’ensemble linguistique et culturel que constitue l’archipel des Mascareignes et c’est donc tout naturellement, qu’Anny GRONDIN Et Sully ANDOCHE peuvent sortir de leur soubik - la deuxième - une livraison de textes qui circulent dans le sud-ouest de l’Océan Indien. Si le conte de Tizan zouer kart nous apprend comment ce dernier a su conquérir l’immortalité, l’histoire, celle qui s’enseigne à l’Université nous apprend que ce personnage, partage avec le Bondyé une autre précieuse qualité : il est présent en tous lieux, de la Réunion aux Seychelles en passant par Maurice et Madagascar. A la vitesse du lièvre ou de la tortue, Tizan aura fait donc le tour des îles avant de faire le tour de notre île.
Après avoir côtoyé nos ancêtres, Tizan a connu nos parents et continue à vivre pour nos enfants. Après 3 siècles de créolisation, son histoire n’est toujours pas finie. C’est cette énigme vivante que Anny GRONDIN et Sully ANDOCHE se proposent de résoudre ici avec la complicité de Ng LAVAL dont l’illustration donne à voir la malice et l’humour du texte. Leur conte met notre héros aux prises avec la mort, un personnage qui ne manque pas d’être effrayant. « La Mor ! Oté, La Mor-la, la pwin lo zié, la bous ou wa pa, lo pyé i tous pa atèr ziska ». Mais notre garçon - qui ne manque ni d’air ni de ruse, sait aussi s’attirer les bonnes grâces de l’Etranger qu’il croise sur son chemin.
Kitata kitali / dizan pou dékolé , la lecture de l’album - en créole, en français ou en anglais grâce à la traduction de Shenaz PATEL, sinonsa l’audition du CD - vous révèlera comment Tizan parvient, de décennie en décennie, à repousser La Mor pour rester parmi nous après un détour par l’Enfer et le Paradis. Tizan a misé sur les cartes, mais sans prendre un pli. Kitata Kitali, la formule est magique ! Il ne vous reste plus qu’à essayer ! 

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Le Bondyé a un faible pour les humbles et les âmes généreuses, deux qualités que vous partagez avec Tizan, n’est-ce pas ? Le conte aide en tout cas à changer notre regard sur les gramoun rassemblés sous le pyéd’boi, autour d’un jeu de cartes. Ils s’entraînent dans l’espoir de battre Sinpyèr. Une façon, qui en vaut une autre, de gagner son ciel, sur la terre.

Mais que fait l’Ogre ?

cliquez sur l'image pour l'agrandir

 Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 10h30, à la bibliothèque de Plateau-Caillou

Joëlle ECORMIER récidive (réitérer une action - le plus souvent remarquable - écrit Robert, le petit. L’auteur nous avait déjà fait « remarquer », en Octobre 2006, que dans le genre monstre au féminin,  Grand-mère Kalle continuait à faire des siennes : la dame occupée à jouer aux dominos, bien au chaud chez elle, ne doit pas nous empêcher de l’imaginer capable de souker les enfants - planquez-vous ! -  et de rire gras à chacune de ses mauvaises blagues !
 2012, réplique. L’auteur s’attaque cette fois, avec la complicité de Michel BOUCHER, à la version masculine du même genre. Mais que fait l’Ogre ? Non, mais ! Ce dernier croyait peut-être s’en sortir à meilleur conte !
Les enfants de 6-7 ans seront-ils sensibles à l’humour ? La sauce « moutard » qui agrémente les repas de l’ogre, ses « orgies de sucre d’orge », les « griffes » qui présagent mal de son mariage, son choix de la compagnie « gargantu-air » en place des classiques bottes de sept lieues, son allergie aux « chats bottés »… tous ces motordus, raviront en tout cas les 8-10 ans !
Quant aux plus grands encore, ceux qui partagent avec nous le blog, ils apprécieront de lire entre les lignes. Entre les dictateurs qui tuent à coup d’armes chimiques, la Palestine et Israël qui n’en finissent pas de bétonner le mur des religions, les délinquants qui agressent Mr ou Mme Tout le monde dans la rue pour une pièce de monnaie, un iphone ou un rien, les femmes mariées qui passent, sans préliminaires, des nuits blanches aux marches blanches… les temps qui courent ne respirent pas la zénitude, loin s’en faut.
Si les psychanalystes ont d’emblée mis en évidence, dans le fantasme des enfants, la présence de « monstres sauvages acharnés à poursuivre leurs victimes 1 », Joëlle ECORMIER ose les sortir des contes et des fantasmes et Michel BOUCHER nous fait voir qu’ils courent les rues… et les maisons où ils rotent, ronflent et grognonnent sans vergogne ! Un ogre sommeillerait-il en chacun de nous, qu’il soit chef d’entreprise, sportif de haut niveau, cuisinier ou artiste ?
Suffirait-il à cet ogre d’être amoureux ou papa pour se débarrasser de son côté gore ? Si la première lecture amuse, la deuxième nous ramène à la réalité et la troisième nous réveille. Le potentiel de violence chez l’Homme n’est plus à démontrer. Cette violence est à travailler au quotidien. A travers sa relecture des mythes, FREUD  a réactualisé la question de l’Humanité. D’autres, après lui, dont Albert JACQUARD, une grande figure qui nous a quittés récemment, ont insisté sur le pouvoir de la parole et de l’Ecriture dans l’œuvre de civilisation. 
cliquez sur l'image pour l'agrandir
 
Entreprise d’utilité publique donc que celle de Joëlle ECORMIER et Michel BOUCHER pour les jeunes de 7 à… 107 ans ! Parce que l’enfant, comme l’enfant tapi chez l’adulte - sans mauvais jeu de mot - ont besoin qu’on les aide à ne pas sombrer dans « la terreur » et à regarder la réalité pour apprendre à s’en protéger.

Elgée
1 « Comme ça la sorcière me mangera pas », Les fantasmes et les terreurs secrètes de l’enfant, Dorothy BLOCH, Robert LAFFONT, 1981

mardi 10 septembre 2013

Edgar, le chat souris.

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-là : mercredi 11 septembre
à 15h, à la médiathèque de Saint-Paul

La nuit, tous les chats sont gris.
Gris souris ?
C’est ce qui pourrait bien arriver à ce chat noir, pas si botté que ça et qui, à la disparition de sa maîtresse, se retrouve déshérité, chaviré, chamboulé, affamé et bientôt… embauché ! Un texte qui va droit au but, qui va droit au cœur. Depuis que je l’ai découvert, « Je ne pense qu’à chat ! ». Il faut particulièrement saluer la qualité de l’illustration qui n’est pas sans rappeler l’humour délicieux de Siné.

Re-visitant les fables de la Fontaine,
Et plus précisément celle de « l’âne et du chien »,
Fabienne Jonca nous offre dans cet album,
Une  façon originale de poser le théor(aime).
Elle y inscrit en prologue la morale de l’histoire :
 « Je conclus qu’il faut qu’on s’entr’aide ».

Fabienne Jonca l’a gardé en mémoire.
cliquez sur l'image pour l'agrandir
De bêtes affamées, la fable est parsemée,
Mais à l’entr’aide, en résumé,
L’animal est peu accoutumé.
Quand la faim étreint ses entrailles,
Et que le chien, à son voisin, s’adresse,
Attendant que sa faim, il reconnaisse
Et l’aide pour la mangeaille,
En lui concédant de menus restes, qu’ils soient simples ou délicats
Pourvu qu’ils soient digestes, 
Le chien ne trouve personne qui se manifeste.

Fabienne Jonca rétorque à travers siècles à son ami poète
Que l’entraide en 2013 ne serait pas sornette,
Que le monde du travail où l’élite sévit dès les petites classes
Porte en lui autre chose que la lutte des places.
Réplique optimiste, car, dites-moi,
De l’âne ou du chien, du surfeur ou  du requin,
Quel animal vorace aura gardé sa courtoisie
Quand, le faste s’étant enfui,
Il ne trouve plus à manger, au péi ?

Animal en voie de distinction,
Ainsi se vit l’homme, si pareil à Edgar.
A l’instar des demoiselles souris,
Il veut faire le pari
D’être moins avare :
« Je conclus qu’il faut qu’on s’entr’aide ».

Vraiment, foi d’animal
Est-ce « loi de nature »  
Ou délibérément, une question de culture ?

cliquez sur l'image pour l'agrandir
Il y a, chez Fabienne Jonca,
Dans son engagement pour la littérature,
Dans son invite à la lecture,
Une aspiration de cette envergure :
Un devoir de semer, dès l’enfance, les graines de l’utopie  
Qui pourront faire fleurir, demain, chez l’homme,
Plus de philanthropie.

Elgée

lundi 9 septembre 2013

Il était une fois, Mayotte


cliquez sur l'image pour l'agrandir
Astèr-la : mercredi 11 septembre
à  10h30, bibliothèque de Bois de Nèfles


Il était une fois, Mayotte. Danièle FOSSETTE nous livre ici un conte des origines. Mayotte, c’est toute une histoire. Une vieille histoire. Une belle histoire. L’océan est le commencement de la vie. La femme aussi.
Au fond de l’océan, donc, vit une Princesse. La Princesse Agoa. Une élégance imposante qui règne sur les formes, les tailles et les couleurs. Une Princesse qui déteste qu’on la contrarie. Une Princesse féconde, une Princesse créative, qui compte déjà à son actif, le peuple de la mer. Mais notre Princesse s’ennuie. Son désir n’est pas comblé. Il manque quelque chose à son œuvre. Il lui manque un arbre. « Elle adorrrre les arbres… » qui ne poussent pas au fond de la mer. Elle veut une île. Quelle forme donner à ce nouveau personnage, cet « Il » ?
Du haut de sa toute puissance, la Princesse Agoa, consulte les poissons pour leur demander, leur avis. Force du requin, sagesse du dugong, grâce du dauphin, expérience de la tortue, majesté de la baleine, coquetterie de l’étoile de mer, les anciens et les modernes viennent, tour à tour, lui vanter leurs qualités. Chacun y va de son couplet et voit l’île à sa porte. « Cette île doit me ressembler ». Chacun voudrait une création… à son image ! 
En bon professeur, la Princesse Agoa interroge l’élève modeste et discret qui n’a pas levé le doigt, le cheval des mers, un petit poisson sérieux et affairé, un bon père de famille. L’hippocampe ne réclame rien mais touche le cœur de la Princesse.
« Quand je délibère, les jeux sont faits » ! La Princesse se retirera, pour la forme, au fond de l’océan avant de venir proclamer à la face du monde la naissance de l’île hippocampe. Une élection de miss océan indien qui en vexera plus d’un mais le peuple de la mer accepte le verdict avec résignation. Ce que femme veut, Dieu veut !
Il était une fois, peut-être pas… Danièle FOSSETTE nous invite à un voyage dans le temps et dans un espace marin qui reflète étrangement celui des hommes, un monde de compétition où, magie du conte et pouvoir conféré à l’écrivain, la loi du plus fort ne serait plus toujours la meilleure. Bien heureux les humbles ! Celui qui remporte le marché est celui qui ne paye pas… de mine. Franek PRALAT dépeint des créatures parfois effrayantes, toujours mystérieuses et attachantes. Elles donnent envie d’enfiler un masque et un tuba pour aller à leur rencontre, dans le lagon. 

cliquez sur l'image pour l'agrandir
 
Au fait, Mayotte, c’est où ? Il vous suffira de tourner la page pour trouver la réponse. L’illustrateur montre le doigt de l’écolier qui montre l’archipel, niché sous la corne de l’Afrique, entre Madagascar et le continent.