2013, c'est au tour des jeunes lecteurs...

2013, c'est au tour des jeunes lecteurs de faire battre leur coeur : lectures et rencontres pour découvrir, se faire plaisir et se retrouver dans les écoles et les bibliothèques de Saint-Paul.

Astèr là

mercredi 9 octobre

à 10h30, médiathèque de Saint-Paul : "Les baobabs amoureux" de Maïwenn Vuittenez, éd. Océan (6-7 ans)

à 15h, bibliothèque du Guillaume : "Iris sans souci" de Amélie Billon-Le Guennec et Coralie Saudo, éd. Epsilon (6-7 ans)


lundi 16 septembre 2013

Mais que fait l’Ogre ?

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 Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 10h30, à la bibliothèque de Plateau-Caillou

Joëlle ECORMIER récidive (réitérer une action - le plus souvent remarquable - écrit Robert, le petit. L’auteur nous avait déjà fait « remarquer », en Octobre 2006, que dans le genre monstre au féminin,  Grand-mère Kalle continuait à faire des siennes : la dame occupée à jouer aux dominos, bien au chaud chez elle, ne doit pas nous empêcher de l’imaginer capable de souker les enfants - planquez-vous ! -  et de rire gras à chacune de ses mauvaises blagues !
 2012, réplique. L’auteur s’attaque cette fois, avec la complicité de Michel BOUCHER, à la version masculine du même genre. Mais que fait l’Ogre ? Non, mais ! Ce dernier croyait peut-être s’en sortir à meilleur conte !
Les enfants de 6-7 ans seront-ils sensibles à l’humour ? La sauce « moutard » qui agrémente les repas de l’ogre, ses « orgies de sucre d’orge », les « griffes » qui présagent mal de son mariage, son choix de la compagnie « gargantu-air » en place des classiques bottes de sept lieues, son allergie aux « chats bottés »… tous ces motordus, raviront en tout cas les 8-10 ans !
Quant aux plus grands encore, ceux qui partagent avec nous le blog, ils apprécieront de lire entre les lignes. Entre les dictateurs qui tuent à coup d’armes chimiques, la Palestine et Israël qui n’en finissent pas de bétonner le mur des religions, les délinquants qui agressent Mr ou Mme Tout le monde dans la rue pour une pièce de monnaie, un iphone ou un rien, les femmes mariées qui passent, sans préliminaires, des nuits blanches aux marches blanches… les temps qui courent ne respirent pas la zénitude, loin s’en faut.
Si les psychanalystes ont d’emblée mis en évidence, dans le fantasme des enfants, la présence de « monstres sauvages acharnés à poursuivre leurs victimes 1 », Joëlle ECORMIER ose les sortir des contes et des fantasmes et Michel BOUCHER nous fait voir qu’ils courent les rues… et les maisons où ils rotent, ronflent et grognonnent sans vergogne ! Un ogre sommeillerait-il en chacun de nous, qu’il soit chef d’entreprise, sportif de haut niveau, cuisinier ou artiste ?
Suffirait-il à cet ogre d’être amoureux ou papa pour se débarrasser de son côté gore ? Si la première lecture amuse, la deuxième nous ramène à la réalité et la troisième nous réveille. Le potentiel de violence chez l’Homme n’est plus à démontrer. Cette violence est à travailler au quotidien. A travers sa relecture des mythes, FREUD  a réactualisé la question de l’Humanité. D’autres, après lui, dont Albert JACQUARD, une grande figure qui nous a quittés récemment, ont insisté sur le pouvoir de la parole et de l’Ecriture dans l’œuvre de civilisation. 
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Entreprise d’utilité publique donc que celle de Joëlle ECORMIER et Michel BOUCHER pour les jeunes de 7 à… 107 ans ! Parce que l’enfant, comme l’enfant tapi chez l’adulte - sans mauvais jeu de mot - ont besoin qu’on les aide à ne pas sombrer dans « la terreur » et à regarder la réalité pour apprendre à s’en protéger.

Elgée
1 « Comme ça la sorcière me mangera pas », Les fantasmes et les terreurs secrètes de l’enfant, Dorothy BLOCH, Robert LAFFONT, 1981

1 commentaire:

  1. L’occasion m’est donnée ici de partager avec vous ma rencontre avec l’Ogre.
    La preuve qu’il existe bien. Plusieurs indices concordants permettent d’établir, en tout cas, que J. Ecormier et M. Boucher auraient rencontré le même personnage avant d’écrire leur album.

    Virginie BERNARD

    L'Ogre et Moi (1)
    Je vis seule depuis longtemps. Y’a des avantages : c’est plus rapide de faire à manger pour une personne que pour deux, je ne me dispute jamais avec moi même.
    Mais la solitude me ronge, me dévore. J’aimerais partager des moments savoureux avec un homme, des moments coquins. J’ai envie de me plonger dans le regard de l’autre, boire ses paroles  pour me nourrir et grandir.
    J’accepte alors un rendez vous avec un homme. Il ne met pas de photos sur le site de rencontre car il dit que la photo de son visage ne rentre pas dans le cadre.  Il se décrit comme grand, fort, puissant et il aime croquer la vie à pleine dents.
     Quand je le vois pour la première fois, je reste estomaquée.
    Mes yeux sont face à face avec son énorme ventre qui est aussi rond que la terre, aussi grand que la Réunion toute entière. Je pars à la rencontre de son regard.  C’est partie pour une vraie aventure. Cela ne va pas être facile car j’ai oublié mes chaussures de rando. Mais je suis motivée. J’y vais.
    Je le contourne déjà une première fois. Je mets deux jours à faire le tour de cet homme si grand. Je sens toute suite qu’avec lui,  la découverte sera au goût du jour, de chaque jour. J’escalade goulument la montagne arrondie qui s’offre à moi.  C’est  doux. Mes pieds en raffolent déjà. Je grimpe, décidée à arriver en haut de la pièce montée. Parfois, je rencontre des petites grottes où je peux me reposer. C’est doux et confortable.  Ca bouge un peu. Je suis bercée comme un enfant dans les bras de sa maman. Idéal pour s’endormir. Certains endroits sont plus désertiques, plus denses, mais y’en a pas beaucoup sur le chemin. J’arrive devant deux pitons aussi grands l’un que l’autre. A la différence du Piton des Neiges, ils sont très chauds, très souples et c’est un vrai régal de se dégourdir les jambes dessus. Je  retrouve le même plaisir goulu  d’une petite fille qui saute sur un trampoline. J’arrive devant une paroi très sombre. J’essaie de l’escalader mais ça glisse. Alors je me dis qu’il y a sûrement un autre passage par l’arrière. Et là des longues cordes descendent, emmêlées les unes avec les autres comme un plat de spaghettis. J’en attrape une. Je me balance et j’en  attrape une autre qui me hisse plus haut et m’envoie sur une autre qui m’aide à aller jusqu’au dessus. La vue est magnifique. Je vois l’Ile Maurice. Mais je ne vois pas les yeux de mon cher et tendre. Je me laisse glisser sur une corde de devant et je me retrouve face à face avec  le plat principal. Je reste sans voix, écœuré par ses yeux affamés. Je sens qu’il va me dévorer. Je ne peux rien faire…Bon appétit !
    (1) Texte écrit dans le cadre de l’Atelier d’Ecriture de l’Association Zazakèl, en date du 14 août 2013

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