2013, c'est au tour des jeunes lecteurs...

2013, c'est au tour des jeunes lecteurs de faire battre leur coeur : lectures et rencontres pour découvrir, se faire plaisir et se retrouver dans les écoles et les bibliothèques de Saint-Paul.

Astèr là

mercredi 9 octobre

à 10h30, médiathèque de Saint-Paul : "Les baobabs amoureux" de Maïwenn Vuittenez, éd. Océan (6-7 ans)

à 15h, bibliothèque du Guillaume : "Iris sans souci" de Amélie Billon-Le Guennec et Coralie Saudo, éd. Epsilon (6-7 ans)


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lundi 16 septembre 2013

Dans mon soubik. 2

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Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 15h, à la bibliothèque de Bois de Nèfles

L’approche des contes créoles permet de mettre en évidence l’ensemble linguistique et culturel que constitue l’archipel des Mascareignes et c’est donc tout naturellement, qu’Anny GRONDIN Et Sully ANDOCHE peuvent sortir de leur soubik - la deuxième - une livraison de textes qui circulent dans le sud-ouest de l’Océan Indien. Si le conte de Tizan zouer kart nous apprend comment ce dernier a su conquérir l’immortalité, l’histoire, celle qui s’enseigne à l’Université nous apprend que ce personnage, partage avec le Bondyé une autre précieuse qualité : il est présent en tous lieux, de la Réunion aux Seychelles en passant par Maurice et Madagascar. A la vitesse du lièvre ou de la tortue, Tizan aura fait donc le tour des îles avant de faire le tour de notre île.
Après avoir côtoyé nos ancêtres, Tizan a connu nos parents et continue à vivre pour nos enfants. Après 3 siècles de créolisation, son histoire n’est toujours pas finie. C’est cette énigme vivante que Anny GRONDIN et Sully ANDOCHE se proposent de résoudre ici avec la complicité de Ng LAVAL dont l’illustration donne à voir la malice et l’humour du texte. Leur conte met notre héros aux prises avec la mort, un personnage qui ne manque pas d’être effrayant. « La Mor ! Oté, La Mor-la, la pwin lo zié, la bous ou wa pa, lo pyé i tous pa atèr ziska ». Mais notre garçon - qui ne manque ni d’air ni de ruse, sait aussi s’attirer les bonnes grâces de l’Etranger qu’il croise sur son chemin.
Kitata kitali / dizan pou dékolé , la lecture de l’album - en créole, en français ou en anglais grâce à la traduction de Shenaz PATEL, sinonsa l’audition du CD - vous révèlera comment Tizan parvient, de décennie en décennie, à repousser La Mor pour rester parmi nous après un détour par l’Enfer et le Paradis. Tizan a misé sur les cartes, mais sans prendre un pli. Kitata Kitali, la formule est magique ! Il ne vous reste plus qu’à essayer ! 

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Le Bondyé a un faible pour les humbles et les âmes généreuses, deux qualités que vous partagez avec Tizan, n’est-ce pas ? Le conte aide en tout cas à changer notre regard sur les gramoun rassemblés sous le pyéd’boi, autour d’un jeu de cartes. Ils s’entraînent dans l’espoir de battre Sinpyèr. Une façon, qui en vaut une autre, de gagner son ciel, sur la terre.

Portrait : Sully Andoche



Ligne de vie : Zistwar Sully Andoche

De la parole au conte :

C’est dans le quartier de Saint Jacques à Saint Denis de la Réunion que Sully Andoche a koupé son zonbri1 et passera toute son enfance.
Nous sommes dans les années soixante. La modernité est encore timide et la rue appartient aux enfants. Dans une ambiance bruyante, grouillante même, les cris, les jeux, les disputes sur fond de moukataz2, font partie du quotidien.
Le soir venu, sous le lampadaire de la rue Sainte Marie, on se raconte des histoires. Celles qui font peur sont les préférées. Afin de convaincre son auditoire d’un soir, on rajoute un détail fantastique à l’histoire de la veille qui avait connu un succès pour le moins mitigé. Raconter devient un défi, improviser en racontant, une nécessité quasi vitale si le rakontèr ne veut pas mourir aux yeux des autres.
Il n’a pas connu de conteurs patentés, plutôt présents dans les veillées mortuaires (interdites aux faibles tempéraments d’enfants). Juste le souvenir d’un Grandyab la fès an or raconté en boucle par Pépé Apollon son grand père.
Mais  Sully a surtout dévoré des oreilles et des yeux les zistwar fé pèr de cimetières et d’invisibles. De dévinèr3 aussi ; ceux qui transforment à l’envi les feuilles d’arbre (celui du jacquier donne les meilleurs résultats) en billets craquants de 1000 francs CFA. Je le jure devant la lumière qui m’éclaire et que Dieu m’écrase en poussière si ma langue ramasse des mensonges et comment peux-tu contester une parole de granmoun4 ?
Toute histoire est parole et toute parole est vraie puisque c’est la bouche que Dieu a donnée qui l’a prononcée. Vraie comme l’histoire de cette nuit là où mémé Frédéa a vu son voisin, (homme de loi s’il vous plait !) se transformer en chat pour s’introduire dans la maison de l’autre voisin pour faire des choses que diable seul sait. Comment est-il entré ? Mais par la serrure voyons !

Dans les années 80 Sully donne de la voix avec ses dalon5 du groupe Ziskakan pour que la culture et la langue créoles soient reconnues. Les coupures de courant sont nombreuses et le matériel usagé n’en est pas vraiment la cause. Les censeurs du pas culturellement correct débranchent tout ce qui dépasse. Dans la pénombre, on envoie Sully au devant de la scène pour faire patienter. Tant qu’à faire, il raconte. Plus tard il contera, même quand le courant politique aura changé. Il contera dans les écoles, les kermesses, les kabar6…partout où la parole aura une oreille pour miroir.

Urgence de dire, urgence de rapporter, urgence de transmettre. Le conte, au même titre que le maloya il y a quelques années, mérite qu’on lui restitue la place qui est la sienne dans la culture réunionnaise. En passionné qu’il est, Sully, comme d’autres conteurs, s’y emploie tout modestement.  


1 : est né
2 : moqueries
3 : sorcier ; devin
4 : adulte
5 : camarades
6 : concerts

Bibliographie

Sully ANDOCHE a joué avec Ziskakan. Il conte dans les écoles, dans les bibliothèques. Il a participé à de nombreux festivals. Il a écrit pour le théâtre, pour la télévision. Il encadre des stages de formation de conteurs. Nous ne citerons ici que ses albums et/ou  enregistrements

·          K7 audio : Zinzin « Santé pou marmay » (avec d'autres artistes)[1985] (réédité en CD : 2009)
·         Participation CD "Bal Zanimo" (kont Franswa Robèr)  [2001]
·         "Dans mon soubik1" Contes sakalaves et créoles (éd. Epsilon) (avec F. Ratiazandry et A. Grondin / "Cultures et solidarités")
·         "Dans mon soubik 2" Contes créoles Maurice / Réunion (éd. Epsilon) (avec Shenaz Patel et Anny Grondin / "Cultures et solidarités")
·         "Dans mon soubik 3" Contes Inde / Réunion (éd. Epsilon) (avec Rahul VOLA et Anny Grondin /
"Cultures et solidarités")
·         « Béképabéké » : 9 contes inédits (bilingue créole/français / Traduction en français : J. François SAMLONG / UDIR)


Questionnaire

Vous souvenez-vous du premier texte que vous avez écrit ?
"Tikatorz" (1976)

À qui faites-vous lire vos histoires en premier ?
Mon madanm (mi rakont ali pli souvan)

Quel livre auriez-vous aimé écrire ?
"la vie devant soi" (Emile AJAR)

Êtes-vous plutôt corne ou marque-page ?
Papyé kabiné

Quel livre lisez-vous en ce moment ?
"Les aventures de l'incomparable NASR EDDIN HODJA" (L. Louis MAUNOURY / éd. Aventures secrètes)

Avez-vous un livre culte ?
Non

Ecrivez-vous en français ou en créole ?
Kréol

Vous est-il facile d’écrire, également, dans deux langues ?
Non

Aimez-vous relire ?
Non

Comment vous viennent les histoires que vous écrivez ?
En ne dormant pas

Des endroits préférés pour lire ?
Ousa na mon marque-page, ou byin dann li.

Quel serait pour vous un livre idéal ?
Sak i done lémosion… ninportékèl lémosion

Êtes-vous capable d’abandonner un livre en cours de lecture ?
wi