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Astèr-là
à
15h
bibliothèque
de Plateau Caillou
Le
rideau du vent … ou quand les livres sont des passerelles pour
grandir et qu’un écrivain et un illustrateur s’emparent de leurs
talents pour nous aider à sortir de la caverne de notre ignorance et
de nos peurs. Il y a, chez Agnès de Lestrade et Hippolyte, un
délicieux parfum de ré-écriture du mythe de Platon. Peinture naïve
aux couleurs pastel, texte aérien, l’album offre un mythe paysager
à hauteur d’enfants. Il dit l’importance de triompher de
l’Autre « mortifère » si l’on veut que l’univers
devienne source de gratification, de « paradis ».
Un
rideau de vent sépare le sommet de l’autre côté :
l’obstacle est combattu par tous, y compris par le
maréchal-ferrant. D’habitude, le vent soulève les rideaux. Ici,
c’est le vent qui fait écran. Pour nous cacher quoi ? Réel
danger ou illusion ? Cette histoire de monstruosité ne
serait-elle que du vent ?
A
cette question, dans la lignée de Platon et d’Alexandre Jollien,
l’auteur nous raconte comment la « malédiction d’une
faiblesse infligée peut devenir la chance d’une force
créée » …/… On ne naît pas homme, on le
devient »1.
Baisser les bras ou relever le défi ? Belle question pour
chacun d’entre nous !
Plumo,
fragile comme un oiseau tombé du nid, va oser la course, par
monts et par vaux, pour affronter l’énigme du souffleur de vent.
Pour remonter la pente, notre jeune héros utilise sa fragilité. Il
laisse à ceux de la caverne leurs kilos de méchanceté, se laisse
porter par le souffle, s’élève jusqu’aux sommets pour percer le
mystère et apprivoiser l’Inconnu.
Dans
la tristesse qu’il accepte de contacter, Plumo touche à l’humanité
de celui qui fait figure de monstre. Si différent et pourtant si
proche. Ce monstre a des parents… humains ! Plumo
découvre le mystère d’un sujet qui s’est inventé son monde à
lui pour se protéger du monde. Il s’est enfermé dans sa montagne,
coupé des autres. Pour survivre. Marginalisation, exclusion,
ségrégation, ghettoïsation, stigmatisation… ces mots sifflent
comme des tourbillons. Ils sèment le vent et récoltent la tempête.
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La
question de la différence vient précocement dans la tête des
enfants qui découvrent la diversité du monde en même temps que ses
possibles et ses limites.
Elle est éminemment actuelle pour ceux de
nos écoles qui, depuis la loi de 2005, ont à vivre dans les
classes avec la question du handicap, de la différence. Le
travail d’éducation - en latin, educere : « conduire
hors de »… la caverne ( ?) - est à remettre à
l’ouvrage à chaque génération. Il a besoin d’ouvrages tels que
celui-ci pour qu’on puisse, dès le plus jeune âge, en parler…
aux « Ti lecteurs ».
1
Alexandre Jollien, Le métier d’homme, Seuil, 2002
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