2013, c'est au tour des jeunes lecteurs...

2013, c'est au tour des jeunes lecteurs de faire battre leur coeur : lectures et rencontres pour découvrir, se faire plaisir et se retrouver dans les écoles et les bibliothèques de Saint-Paul.

Astèr là

mercredi 9 octobre

à 10h30, médiathèque de Saint-Paul : "Les baobabs amoureux" de Maïwenn Vuittenez, éd. Océan (6-7 ans)

à 15h, bibliothèque du Guillaume : "Iris sans souci" de Amélie Billon-Le Guennec et Coralie Saudo, éd. Epsilon (6-7 ans)


lundi 23 septembre 2013

Portrait : Corinne Decloitre

Lignes de vie
Née à Roanne dans la Loire, Corinne Decloitre est professeur des écoles et vit à La Réunion depuis 1995. Passionnée par la littérature jeunesse, elle écrit son premier album « Kal à l’école » en 2009 pour ses élèves… et ses collègues.

Questionnaire
Quel livre auriez-vous aimé écrire / illustrer ?
Okilélé de Claude Ponti
Quel est votre auteur préféré ?
En littérature jeunesse, Claude Ponti.


Êtes-vous plutôt corne ou marque-page ?
Corne

Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Et puis, Paulette de Barbara Constantine

Ecrivez-vous en français ou en créole ?
En français

Comment vous viennent les histoires / illustrations que vous écrivez / dessinez ?
Souvent en marchant, dans la nature.

Des endroits préférés pour lire ?
Mon canapé !

Anthonin

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Astèr-là
Rencontre le mercredi 25 septembre à 10h30,

médiathèque de Saint-Paul
Anthonin ? C’est plutôt un nom de garçon que de grenouille ! Peut-être le nom d’un garçon à l’âge où il porte encore des grenouillères, un petit âge, celui des grandes peurs. Des premières.
A vrai dire, la peur n’a pas d’âge. Le mot dérive d’une divinité romaine, Pavor, déesse de la panique, dont la simple évocation terrorisait nos ancêtres. La peur est donc présente depuis toujours et nous rattrape à chaque « première fois ».
On peut donc comprendre Anthonin. « Il est à la plage pour la première fois » et la mer, fille de l’Océan, est plus grouillante que son étang. Il juge plus sage de rester sur le sable, avec ses amis, à l’abri de sa casquette pour éviter que le ciel ne lui tombe sur la tête. Mais c’est compter sans la météo – imprévisible - qui vient le décoiffer en faisant souffler sur le confort de ses habitudes, « Château, jeux de ballon et bain de soleil », un vent de panique : « Ma casquette ! »
Anthonin n’a pas pris le temps de réfléchir mais rien de grand ne se fait sans un peu… d’inconscience. « Sans même y penser, le voilà dans l’eau ». Et là, quelle surprise ! Commence pour lui une aventure encore inimaginable quelques instants auparavant : la rencontre avec un banc d’apogons, une carangue bleue, un poisson chirurgien, un poisson épervier… qui ne remplacent cependant pas ses amis, qui ne tardent pas à le rejoindre. Notre héros découvre un bonheur qui ne manque pas de sel. Tout baigne ! Le petit garçon s’est dépassé, il est sorti de lui-même il a vaincu sa peur et se découvre homme-grenouille, petit homme. Il est heureux, comme un poisson dans l’eau et n’est pas pressé d’en sortir !
Céline DEREGNAUCOURT dessine des formes tout en couleurs, tout en rondeurs dans un univers liquide sinon amniotique. 
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Christine VELIA raconte une expérience initiatique, une première, à l’image de toutes les autres qui n’en finiront pas de réveiller nos peurs. Des peurs vertes ou bleues, comme la mer. L’album encourage à la découverte et aux voyages. La vie n’est pas une eau dormante. Elle est souvent décoiffante et il faut accepter de perdre la tête - du moins son couvre-chef - pour oublier la peur et plonger « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau » selon le mot de Baudelaire.

Portrait : Christine Velia

Lignes de vie
Je suis née à la Réunion. Autodidacte, je dessine et me nourris des critiques pour essayer de m'améliorer.
Je dessine pour les enfants mais aussi pour les grands. J'ai exposé au phare de Sainte-Suzanne, participé à différents Salons du livre, à la Réunion bien sûr , mais aussi à Paris et au Rouget où j'étais invitée pour présenter mes albums dans différentes classes. Que de bon souvenirs ! Permettre aux enfants d'apprendre tout en se divertissant, c'est un beau pari !

Publications
J'ai publié trois albums pour enfants :
La cocotte coquette, chez Epsilon  en 2005
Cotonours le nuage aux mille visages,  chez Epsilon  en 2006
Anthonin, chez Epsilon  en 2012

Questionnaire
A qui faites vous lire vos histoires en premier ?
Mon premier public sont mes enfants et mon mari, chacun donne son avis et je compose avec.

Etes-vous plutôt corne ou marque-page ?
Je suis très marque page ! J'aime caresser les pages d'un livre et je ne peux pas le corner !

Est-ce vous qui choisissez l'illustrateur ou l'illustrateur qui vous choisit ?
Les illustrations de mes deux premiers albums sont de moi.
Et pour le troisième c'est l'éditeur qui a choisi. On fait des essais , je donne mon avis. C'est un travail d'équipe.

Ecrivez-vous en français ou en créole ?
J'écris en français.

Aimez-vous relire ?
J'aimerais parfois en relire, mais il y a tellement de beaux livres qui attendent.

Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs des livres qu 'on a aimés ?
Rencontrer bien sûr ! 

Comment vous viennent les histoires que vous écrivez ?
En réponse aux questions des enfants.  

Des endroits préférés pour lire ?
Oui, dans mon lit le plus souvent, mais aussi sous un arbre à l'abri du soleil en compagnie d'une brise.

Etes-vous capable d'abandonner un livre en cours de lecture ?
Oui, si je n'accroche pas. 

jeudi 19 septembre 2013

Portrait : Annie Grondin

Elle est née à Sainte Marie - de la Réunion
Elle grandit à Beaufonds, dans l’enceinte de l’usine sucrière, au milieu des champs de canne.

Kriké kraké ... Le commencement des histoires racontées à la tombée du jour. Le moment des oreilles grandes ouvertes, des rires en tranche de papaye et des peurs de toutes les couleurs. C’est avec Ti Jean, Grand diable, compère lièvre, Grand mère Kalle… célèbres personnages de l’imaginaire créole, qu’elle passe ses soirées, étant donné qu’à cette époque il n’y avait pas de télévision.

Curieuse, elle explore divers domaines artistiques comme le chant, le théâtre, la poésie … Choriste dans le groupe musical ZISKAKAN, elle donne aussi de la voix dans les « kabar » de poésie.

Petit chemin, grand chemin.... Sa route croise de nouveau celle des contes. Comme dans sa langue il n’y a pas d’os, elle la tourne sept fois dans la bouche, la remplit d’histoires et commence à raconter.

Depuis, elle reprend à son compte, au gré du temps, au gré des gens, les contes d’ici et d’ailleurs en y mettant son grain de sel.



Publications
Anny GRONDIN conte depuis de nombreuses années dans les écoles, les festivals, les mediathèques, les quartiers….. Elle a traduit en créole des bandes déssinées, a publié des livres de contes (version plurilingue) en collaboration avec d’autres auteurs. Elle intervient dans des stages de formation de conteurs.

Contes :
- Pipangay péi papang : livre + cassette audio (créole/français) avec les élèves du collège de Bras Panon
- Zistoir Tizan : grandiab la féss an or : livre + CD audio (créole/français)
- Fany et N’dronga : livre (malgache/créole/français) avec Volohna Picard
- Zistoir lo ra : livre + CD audio (créole-français) pour la prévention de la leptospirose avec Sully Andoche
- In mové rèv : livre + CD audio (créole-français) pour la prévention des violences intrafamiliales avec Sully Andoche
- Tèktèk : livre + CD audio (créole-français) pour la prévention de l’asthme avec Sully Andoche
- Dans mon soubik 1 Contes de la Réunion et de Madagascar : livre + CD audio (créole-français-sakalave) avec Sully Andoche et Florette Ratiazandry
- Dans mon soubik 2 Contes de la Réunion et de Maurice : livre + CD audio (créole-français-anglais) avec Sully Andoche et Shenaz Patel
- Dans mon soubik 3 Contes de la Réunion et de l’Inde : livre + CD audio (créole-français-hindi-anglais) avec Sully Andoche et Rahul Vohra à paraître

Bandes dessinées traduction créole :
- Boule et Bill : Mon pli gran dalon - Verron/Roba
- Gaston Lagaffe : La kouyoniss i ravaz dann biro - Franquin/Jidehem

Fables :
- Les fables de Louis Héry – CD audio de fables en créole – avec la Compagnie Nectar – édition K’A

Musique :
- voix sur les albums de ZISKAKAN (Rimayèr, kat ti mo, 20 ans de Ziskakan)


Questionnaire
Vous souvenez-vous du premier texte que vous avez écrit ?
Oui, un poème.
Quel livre auriez-vous aimé écrire ?
Le Ramayana ou les Mille et une nuits.
Êtes-vous plutôt corne ou marque-page ?
Corne.
Est-ce vous qui choisissez l’illustrateur ou l’illustrateur qui vous choisit ?
Je choisis l’illustrateur.
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Chagrin d’école de Daniel Pennac
Ecrivez-vous en français ou en créole ?
En français et en créole.
Aimez-vous relire ?
Oui
Des endroits préférés pour lire ?
Dans un fauteuil ou un canapé confortable.
Quel serait pour vous un livre idéal ?
Celui dont l’histoire tient en haleine jusqu’à la fin.
Êtes-vous capable d’abandonner un livre en cours de lecture ?
Oui.

lundi 16 septembre 2013

Dans mon soubik. 2

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Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 15h, à la bibliothèque de Bois de Nèfles

L’approche des contes créoles permet de mettre en évidence l’ensemble linguistique et culturel que constitue l’archipel des Mascareignes et c’est donc tout naturellement, qu’Anny GRONDIN Et Sully ANDOCHE peuvent sortir de leur soubik - la deuxième - une livraison de textes qui circulent dans le sud-ouest de l’Océan Indien. Si le conte de Tizan zouer kart nous apprend comment ce dernier a su conquérir l’immortalité, l’histoire, celle qui s’enseigne à l’Université nous apprend que ce personnage, partage avec le Bondyé une autre précieuse qualité : il est présent en tous lieux, de la Réunion aux Seychelles en passant par Maurice et Madagascar. A la vitesse du lièvre ou de la tortue, Tizan aura fait donc le tour des îles avant de faire le tour de notre île.
Après avoir côtoyé nos ancêtres, Tizan a connu nos parents et continue à vivre pour nos enfants. Après 3 siècles de créolisation, son histoire n’est toujours pas finie. C’est cette énigme vivante que Anny GRONDIN et Sully ANDOCHE se proposent de résoudre ici avec la complicité de Ng LAVAL dont l’illustration donne à voir la malice et l’humour du texte. Leur conte met notre héros aux prises avec la mort, un personnage qui ne manque pas d’être effrayant. « La Mor ! Oté, La Mor-la, la pwin lo zié, la bous ou wa pa, lo pyé i tous pa atèr ziska ». Mais notre garçon - qui ne manque ni d’air ni de ruse, sait aussi s’attirer les bonnes grâces de l’Etranger qu’il croise sur son chemin.
Kitata kitali / dizan pou dékolé , la lecture de l’album - en créole, en français ou en anglais grâce à la traduction de Shenaz PATEL, sinonsa l’audition du CD - vous révèlera comment Tizan parvient, de décennie en décennie, à repousser La Mor pour rester parmi nous après un détour par l’Enfer et le Paradis. Tizan a misé sur les cartes, mais sans prendre un pli. Kitata Kitali, la formule est magique ! Il ne vous reste plus qu’à essayer ! 

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Le Bondyé a un faible pour les humbles et les âmes généreuses, deux qualités que vous partagez avec Tizan, n’est-ce pas ? Le conte aide en tout cas à changer notre regard sur les gramoun rassemblés sous le pyéd’boi, autour d’un jeu de cartes. Ils s’entraînent dans l’espoir de battre Sinpyèr. Une façon, qui en vaut une autre, de gagner son ciel, sur la terre.

Portrait : Sully Andoche



Ligne de vie : Zistwar Sully Andoche

De la parole au conte :

C’est dans le quartier de Saint Jacques à Saint Denis de la Réunion que Sully Andoche a koupé son zonbri1 et passera toute son enfance.
Nous sommes dans les années soixante. La modernité est encore timide et la rue appartient aux enfants. Dans une ambiance bruyante, grouillante même, les cris, les jeux, les disputes sur fond de moukataz2, font partie du quotidien.
Le soir venu, sous le lampadaire de la rue Sainte Marie, on se raconte des histoires. Celles qui font peur sont les préférées. Afin de convaincre son auditoire d’un soir, on rajoute un détail fantastique à l’histoire de la veille qui avait connu un succès pour le moins mitigé. Raconter devient un défi, improviser en racontant, une nécessité quasi vitale si le rakontèr ne veut pas mourir aux yeux des autres.
Il n’a pas connu de conteurs patentés, plutôt présents dans les veillées mortuaires (interdites aux faibles tempéraments d’enfants). Juste le souvenir d’un Grandyab la fès an or raconté en boucle par Pépé Apollon son grand père.
Mais  Sully a surtout dévoré des oreilles et des yeux les zistwar fé pèr de cimetières et d’invisibles. De dévinèr3 aussi ; ceux qui transforment à l’envi les feuilles d’arbre (celui du jacquier donne les meilleurs résultats) en billets craquants de 1000 francs CFA. Je le jure devant la lumière qui m’éclaire et que Dieu m’écrase en poussière si ma langue ramasse des mensonges et comment peux-tu contester une parole de granmoun4 ?
Toute histoire est parole et toute parole est vraie puisque c’est la bouche que Dieu a donnée qui l’a prononcée. Vraie comme l’histoire de cette nuit là où mémé Frédéa a vu son voisin, (homme de loi s’il vous plait !) se transformer en chat pour s’introduire dans la maison de l’autre voisin pour faire des choses que diable seul sait. Comment est-il entré ? Mais par la serrure voyons !

Dans les années 80 Sully donne de la voix avec ses dalon5 du groupe Ziskakan pour que la culture et la langue créoles soient reconnues. Les coupures de courant sont nombreuses et le matériel usagé n’en est pas vraiment la cause. Les censeurs du pas culturellement correct débranchent tout ce qui dépasse. Dans la pénombre, on envoie Sully au devant de la scène pour faire patienter. Tant qu’à faire, il raconte. Plus tard il contera, même quand le courant politique aura changé. Il contera dans les écoles, les kermesses, les kabar6…partout où la parole aura une oreille pour miroir.

Urgence de dire, urgence de rapporter, urgence de transmettre. Le conte, au même titre que le maloya il y a quelques années, mérite qu’on lui restitue la place qui est la sienne dans la culture réunionnaise. En passionné qu’il est, Sully, comme d’autres conteurs, s’y emploie tout modestement.  


1 : est né
2 : moqueries
3 : sorcier ; devin
4 : adulte
5 : camarades
6 : concerts

Bibliographie

Sully ANDOCHE a joué avec Ziskakan. Il conte dans les écoles, dans les bibliothèques. Il a participé à de nombreux festivals. Il a écrit pour le théâtre, pour la télévision. Il encadre des stages de formation de conteurs. Nous ne citerons ici que ses albums et/ou  enregistrements

·          K7 audio : Zinzin « Santé pou marmay » (avec d'autres artistes)[1985] (réédité en CD : 2009)
·         Participation CD "Bal Zanimo" (kont Franswa Robèr)  [2001]
·         "Dans mon soubik1" Contes sakalaves et créoles (éd. Epsilon) (avec F. Ratiazandry et A. Grondin / "Cultures et solidarités")
·         "Dans mon soubik 2" Contes créoles Maurice / Réunion (éd. Epsilon) (avec Shenaz Patel et Anny Grondin / "Cultures et solidarités")
·         "Dans mon soubik 3" Contes Inde / Réunion (éd. Epsilon) (avec Rahul VOLA et Anny Grondin /
"Cultures et solidarités")
·         « Béképabéké » : 9 contes inédits (bilingue créole/français / Traduction en français : J. François SAMLONG / UDIR)


Questionnaire

Vous souvenez-vous du premier texte que vous avez écrit ?
"Tikatorz" (1976)

À qui faites-vous lire vos histoires en premier ?
Mon madanm (mi rakont ali pli souvan)

Quel livre auriez-vous aimé écrire ?
"la vie devant soi" (Emile AJAR)

Êtes-vous plutôt corne ou marque-page ?
Papyé kabiné

Quel livre lisez-vous en ce moment ?
"Les aventures de l'incomparable NASR EDDIN HODJA" (L. Louis MAUNOURY / éd. Aventures secrètes)

Avez-vous un livre culte ?
Non

Ecrivez-vous en français ou en créole ?
Kréol

Vous est-il facile d’écrire, également, dans deux langues ?
Non

Aimez-vous relire ?
Non

Comment vous viennent les histoires que vous écrivez ?
En ne dormant pas

Des endroits préférés pour lire ?
Ousa na mon marque-page, ou byin dann li.

Quel serait pour vous un livre idéal ?
Sak i done lémosion… ninportékèl lémosion

Êtes-vous capable d’abandonner un livre en cours de lecture ?
wi

Mais que fait l’Ogre ?

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 Astèr-là : mercredi 18 septembre
à 10h30, à la bibliothèque de Plateau-Caillou

Joëlle ECORMIER récidive (réitérer une action - le plus souvent remarquable - écrit Robert, le petit. L’auteur nous avait déjà fait « remarquer », en Octobre 2006, que dans le genre monstre au féminin,  Grand-mère Kalle continuait à faire des siennes : la dame occupée à jouer aux dominos, bien au chaud chez elle, ne doit pas nous empêcher de l’imaginer capable de souker les enfants - planquez-vous ! -  et de rire gras à chacune de ses mauvaises blagues !
 2012, réplique. L’auteur s’attaque cette fois, avec la complicité de Michel BOUCHER, à la version masculine du même genre. Mais que fait l’Ogre ? Non, mais ! Ce dernier croyait peut-être s’en sortir à meilleur conte !
Les enfants de 6-7 ans seront-ils sensibles à l’humour ? La sauce « moutard » qui agrémente les repas de l’ogre, ses « orgies de sucre d’orge », les « griffes » qui présagent mal de son mariage, son choix de la compagnie « gargantu-air » en place des classiques bottes de sept lieues, son allergie aux « chats bottés »… tous ces motordus, raviront en tout cas les 8-10 ans !
Quant aux plus grands encore, ceux qui partagent avec nous le blog, ils apprécieront de lire entre les lignes. Entre les dictateurs qui tuent à coup d’armes chimiques, la Palestine et Israël qui n’en finissent pas de bétonner le mur des religions, les délinquants qui agressent Mr ou Mme Tout le monde dans la rue pour une pièce de monnaie, un iphone ou un rien, les femmes mariées qui passent, sans préliminaires, des nuits blanches aux marches blanches… les temps qui courent ne respirent pas la zénitude, loin s’en faut.
Si les psychanalystes ont d’emblée mis en évidence, dans le fantasme des enfants, la présence de « monstres sauvages acharnés à poursuivre leurs victimes 1 », Joëlle ECORMIER ose les sortir des contes et des fantasmes et Michel BOUCHER nous fait voir qu’ils courent les rues… et les maisons où ils rotent, ronflent et grognonnent sans vergogne ! Un ogre sommeillerait-il en chacun de nous, qu’il soit chef d’entreprise, sportif de haut niveau, cuisinier ou artiste ?
Suffirait-il à cet ogre d’être amoureux ou papa pour se débarrasser de son côté gore ? Si la première lecture amuse, la deuxième nous ramène à la réalité et la troisième nous réveille. Le potentiel de violence chez l’Homme n’est plus à démontrer. Cette violence est à travailler au quotidien. A travers sa relecture des mythes, FREUD  a réactualisé la question de l’Humanité. D’autres, après lui, dont Albert JACQUARD, une grande figure qui nous a quittés récemment, ont insisté sur le pouvoir de la parole et de l’Ecriture dans l’œuvre de civilisation. 
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Entreprise d’utilité publique donc que celle de Joëlle ECORMIER et Michel BOUCHER pour les jeunes de 7 à… 107 ans ! Parce que l’enfant, comme l’enfant tapi chez l’adulte - sans mauvais jeu de mot - ont besoin qu’on les aide à ne pas sombrer dans « la terreur » et à regarder la réalité pour apprendre à s’en protéger.

Elgée
1 « Comme ça la sorcière me mangera pas », Les fantasmes et les terreurs secrètes de l’enfant, Dorothy BLOCH, Robert LAFFONT, 1981